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Doggy Bag
30 août 2005

Noir c'est noir, épisode 2

Comme le voyageur du tour opérator, l’Africain qui vit dans notre belle capitale pour ramasser nos poubelles ou astiquer nos bureaux  ne se sent pas trop en veine ces derniers temps. Dans la loi des séries, comme les appellent pudiquement l’animateur du journal Tv - moi j’appelle ça la loi des négligences coupables et des incompétences réunies, mais bon, je ne suis pas journaliste – après les acrobaties aériennes qui se terminent mal, voilà les « au feu, les pompiers, la maison qui brûle ».

Comme le voyageur du tour opérator qui regardera désormais à deux fois avant de mettre le pied sur la passerelle de son Airbus de la Fly Online, l’Ivoirien, avant de s’expatrier de sa brousse natale pour venir voir si des fois l’herbe de la capitale Française ne serait pas un plus verte, y réfléchira lui aussi à deux fois. C’est que le nègre ne se sent plus tout à fait en sécurité chez nous. Et pourtant, ce n’est pas faute de ne pas l’avoir mis à l’aise, de ne pas perturber son mode de vie, et pour éviter un déracinement trop brutal on est allé même jusqu’à lui créer un environnement favorable indispensable à son épanouissement.

L’eau potable faut qu’il se la trimballe de la bouche d’arrosage dans la rue jusqu’à son quatrième étage – avec ascenseur ? oh si on ne peut plus déconner un peu ! - les cafards pataugeant dans la marmite, ah désolé, on n’a pas de sauterelles en ville alors faudra s’adapter, 7 ou 8 paillasses dans 10 mètres carrés et le saturnisme pour ses gamins. Ouais, je sais, ça c’est nouveau pour lui, mais faut bien qu’il profite un peu des bénéfices de la civilisation, qu’il ne soit pas venu pour rien quand même. Enfin, en gros, les mêmes conditions de vie que dans son village natal à côté d’Abidjan, la famine en moins.

Mais bon, très prochainement, Bamboula et sa nombreuse famille vont voir leur habitat s’améliorer. Ah si, si, promis juré, les politiques vont s’occuper d’eux. Il n’en manque pas un à l’appel pour déclarer que l’heure est grave. Ah bien attend, c’est déjà pas si mal, ils viennent juste de découvrir qu’il y a des logements délabrés à deux pas de chez eux, ils ne peuvent quand même pas tout d’un coup trouver la solution miracle. Il y a des limites que même un politique n’oserait franchir. Et puis de toutes les façons il faut y aller progressivement, sinon, l’Africain n’y survivrait pas, un trop gros choc de se retrouver subitement avec l’eau chaude au robinet, un chauffage et un couchage pour chaque membre de la famille. Dans 80 mètres carrés les gosses risqueraient de se perdre.

La crise est tellement grave que même Balladur s’en est mêlé en déclarant qu’il était temps de se préoccuper des logements insalubres. Putain, Balladur, pour qui le nègre est au mieux un type en short qui remporte des médailles au pire un sauvage avec un pagne qui chasse le lion dans la brousse avec une lance, se fait du souci pour eux. Là je suis scotché, Katrina est en train de traverser mon écran, un tsunami emporte mon clavier. Sûrement que quelqu’un a du lui glisser à l’oreille que c’était une espèce en voie de disparition, ou alors tripatouiller son discours.      

Alors si malgré toutes ces sollicitudes, Bamboula n’est toujours pas satisfait de ses conditions d’hébergements, jugeant que si l’herbe est effectivement un peu plus grasse en France, elle a par contre une fâcheuse tendance à partir en fumée, et bien qu’il retourne dans sa savane. Bon, le comble ce serait qu’il embarque, lui et les restes de sa famille, dans un des charters de ces compagnies poubelles.

Un accident est si vite arrivé.

    

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