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Doggy Bag
14 septembre 2005

Petit lynchage entre amis

Il était une fois … Non, pas vraiment un conte de fées l’histoire que je vais te conter aujourd’hui, mais plutôt la chronique de la bêtise crade, où le carrosse de la connerie fièrement affichée, revendiquée même, se transforme non pas en un quelconque curcubitacé mais en pure méchanceté gratuite.

Il était une fois un petit village de Vendée, avec son épicerie, son tabac, son école, son curé et, comme dans tout bon village, qu’il soit de Vendée ou d’ailleurs, le benêt, le ravi, enfin le simple d’esprit, celui qui fait rire et dont tout le village peut se moquer sans encourir le moindre risque. Pratique, la tête à claques permet de nous défouler quand à la maison la grosse et ses marmots nous pourrissent la vie, ou bien encore quand on a obligation de lécher le gros cul du patron sinon adieu le crédit de la baraque et de la Mégane, en gros la vengeance à peu de frais sur le bipède différent, inférieur et sans défense.

Ouais mais là, quelques railleries non pas suffit à amuser la population, la tête à claques en a pris plein la gueule. Quelques coups de barre à mine savamment distribués, la rate éclatée, les bras tatoués d’hématomes, les dents cassées et les jambes tuméfiées, spectacle assuré par un autochtone irascible devant un public armé de fourches. Un séjour à l’hosto parce que le village dans son entier l’a désigné comme paria, tout simplement parce qu’il passe ses nuits à regarder les étoiles, parce qu’il laboure ses champs à l’ancienne avec sa jument, parce qu’il attache celle ci à la porte de l’église, ou que son jardin est un véritable bric à brac.

Pour le bouseux du coin, le gars différent qui ne respecte pas les règles de vies établies par la charia d’un bled de la France profonde est forcément un provocateur, le bouc émissaire parfait quand un chapardage est commis dans les parages. Le casse couilles qui ne marche pas droit, qui ne connaît pas les codes sociaux, qui emmerde tout le monde par le fait de sa seule présence, donc le coupable idéal quand tout va de travers.

Alors au lieu de filer des grands coups de savates dans le chien qui roupille paisiblement dans son panier, un bon passage à tabac sur le demeuré est tout de même plus excitant et permet de se soulager de la meilleure manière qui soit. Pour le gros con, passer ses nerfs et déverser toute sa haine sur une victime sans défense, qui plus est désignée par l’ensemble de la population, est nettement plus favorable à son bon équilibre que de se déchaîner sur son animal de compagnie, qui de toute façon ne le mérite pas, lui.

Parce que non contents d’abriter dans leur commune un assassin, les villageois en ont fait un héros. Zorro massacrant Bernardo ça excite le bouseux. Le Maire en tête, un comité de soutien s’est même crée pour défendre celui qui a puni l’être malfaisant, avec pétitions et tout et tout. 300 électeurs sur 730, tous le petit doigt sur la couture du pantalon. A la campagne on est solidaire, surtout avec la connerie.

« Il a failli le tuer parce qu’il n’y a que ça à faire. » Ah, quand le paysan réfléchit, ça fait des dégâts. Pour le cerveau du rustre abruti par sa bêtise, cela signifie que si le pauvre demeuré a dérouillé c’est qu’il l’a bien cherché, et puis au fond on lui a rendu service, un coin ombragé au cimetière vaut mieux qu’une vie dans une cabane avec pour seul compagnon une jument et un chien. Ainsi en a décidé le village. Une fatwa votée autour d’un ballon de rouge par des Mollahs à bérets et pantalons de velours, réunis au bistrot de la place du village ? Et pourquoi pas un arrêté municipal, non, tant qu’ils y étaient ?     

Il était une fois, le moyen age à deux pas de chez nous dans cette pittoresque France profonde si chère à Jean Pierre Pernault.

   

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Commentaires
P
Ta colère et ton parallèle avec le moyen-âge me rappellent François Villon!<br /> <br /> Il n'a jamais fait bon d'être un peu décalé, poète!<br /> <br /> Poètes???????? Vos papiers!
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