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Doggy Bag
10 mai 2005

L'honneur perdu de Mamadou

Toute l’Europe, plus Bush, s’est donnée rendez vous à Moscou pour regarder l’armée rouge défiler fièrement au pas cadencé. L’Europe, toujours avec Bush, fête le soixantième anniversaire de la victoire de la démocratie sur le nazisme.

Ouais je sais, à moi aussi ça me fait drôle. Moscou et Staline ne me font pas penser immédiatement à la démocratie, mais bon, faut quand même reconnaître que sans les Russes, les descendants du Führer nous auraient fait une belle et bien propre Europe Aryenne. On ne se poserait pas le problème du oui ou du non.

Donc vainqueurs et vaincus ont fêté l’évènement. La France aussi ? Je comprends que la France était là, avec Chirac droit dans ses bottes. Et dans le camp des vainqueurs s’il te plait.

On appelle ça le devoir de mémoire. Et tous les 8 mai nous célébrons la victoire. Enfin la victoire des résistants terroristes et des quelques fondus, traîtres de la patrie, qui avaient préféré l’exil à Londres plutôt que de se soumettre à Pétain et au régime de Vichy. Donc nous aussi nous rendons hommage à l’honneur de la France, au sauvetage de la patrie et tout et tout.

Enfin surtout l’honneur du terroriste De Gaule et de ses potes, de Jean Moulin et des siens ou encore l’escadrille de Normandie Niemen qui a combattu au côté de l’aviation Russe.

Par contre ce que nous oublions de célébrer, c’est nos saloperies. Pourtant ça aussi on doit le fêter. Des hauts faits d’armes, comme le massacre des tirailleurs Sénégalais tués par leurs propres officiers Français le 1er Décembre 1944.

Les tirailleurs Sénégalais que l’on était allé chercher au fin fond de leurs villages pour les amener en excursion en Europe. Des sauvages, que l’on gratifiait de l’honneur de faire partie de l’armée Française. Mais après tout juste que des nègres enlevés à leurs familles pour servir de fantassins, pour se faire massacrer les premiers.

Des tirailleurs Sénégalais, qui ont combattu au moment de la débâcle, pour certains faits prisonniers par les Allemands et détenus dans les camps. Et au moment de la libération de la métropole, dans le sud de la France, c’est encore eux, au prix de leur sang, qui ont encore payé le plus lourd tribu.

Enfin, avant de pouvoir rejoindre leurs familles, ils ont été installés dans le camp de Faidherbe de Thiaroye à Dakar. Ils pensaient tout naturellement que l’administration Française allait enfin mettre la main à la poche et les payer en monnaies et non pas simplement qu’en gamelles. Ils ont osé réclamer leur prime de démobilisation. Des nègres qui réclamaient, sûrement la fin de l’occident et la chute de la chrétienté pour certains militaires, plus habitués à leur filer des coups de triques que quelques francs CFA. Et pour une simple manifestation, la troupe a tiré sans sommation dans le tas. Résultat : 37 morts et 30 blessés. Voila la récompense de la France à ses valeureux tirailleurs Sénégalais.

Une stèle, un monument, rappellent ils leurs sacrifices ? Faut quand même pas déconner. S’il existe bien un cimetière, les tombes ne mentionnent ni le nom ni le pays des différents tirailleurs. A l’intérieur du camp où a été commis le massacre quelques tombes laissées à l’abandon et certains historiens pensent même qu’ils ont été jetés dans une fosse commune.

Plus facile à oublier comme ça et définitivement abandonnés. Et aucun risque qu’un PPD, un Pujadas ou tout autre bouffon médiatique leur rendent enfin hommage. Alors pour le pardon et le devoir de mémoire, là tu repasseras.   

Remarque, si ça se trouve, dans les sans papiers en grève de la faim à la bourse de Paris, certains sont peut être les descendants de ces mêmes tirailleurs Sénégalais. La boucle est bouclée.

   

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