Suite funèbre
Ah ces dizaines de milliers de morts. Vont finir par nous couper l'appétit et nous gâcher notre putain de réveillon. Le champagne sera tiède et sans bulle cette année.
La faute aux présentateurs des Jt reconvertis en des clones de Seguela aux services d'un abbé Pierre à l'échelle planétaire. Normal, ça fait longtemps que l'info des journaux télévisés a été remplacée par la communication. On informe plus, on communique. L'analyse, elle, est passée à la trappe au profit de l'image. Tout est bon, n'importe quelle image fera la l'affaire. De l'image qui s'enfonce de plus en plus dans l'indécence jusqu'à en devenir vulgaire, une caricature du témoignage.
Remarque c'est mieux comme ça. Car quand on s'y essaie, quand on tente une approche plus directe du drame quand on veut s'immiscer au plus profond de la détresse c'est pour entendre des conneries du genre : « Vous pensez qu'après un tel traumatisme on peut être choqués, les séquelles qu'il y aura, le sentiment de culpabilité pour les rescapés ? ». Mais non du con ils sont fous de bonheur, puis lundi retourneront bien tranquillement au boulot.
Tout les états se sont mobilisés nous rabâche t-on à longueur de journaux télévisés. Enfin c'est surtout les populations qui donnent dans la générosité, c'est toi qui dans les premiers jours, comme d'habitude as sorti ton chéquier. Les ONG ont déjà envoyé des millions pour l'aide humanitaire. Ouais, à un détail prés que c'est sur leurs fonds propres, sur leurs propres stocks. L'Europe et les Etats-Unis, avant d'offrir leurs aumônes, ont du se faire tirer pas mal l'oreille par le secrétaire adjoint de l'ONU chargé des opérations, pour enfin donner leurs maigres oboles à grand renfort de trompettes médiatiques. Celles des Etats-Unis équivalaient à la moitié du budget consacré à la célébration du 2émé règne de Bush. Normal, c'est le pays d'Hollywood, d'abord les paillettes et puis si le tiers monde commence a produire des films catastrophe sans Stalone ou Bruce Willis pour sauver la planète. 300 millions de dollars pour l'ensemble des pays riches, y a pas de quoi sauter au plafond et se gargariser. C'est pas nouveau. Car comme toujours l'aide pour le développement aux pays pauvres se limite aux beaux discours aux promesses, quant aux actes, le vent se chargera de les disperser dans l'oubli. Les largesses américaines se limite à 0.16 % de son budget, la France un peu mieux avec 0.41 %.
C'est une catastrophe jamais égalée qu'ils nous disent. Et quand les services de comptabilité auront fini leurs décomptes macabres on sera pas loin de faire tomber un record. Et dire qu'on aurait pu éviter, pas la catastrophe naturelle, mais l'ampleur de ses victimes. C'aurait été con de passer à côté. Heureusement que les scientifiques ne sont jamais écoutés, que le prix de la vie humaine ne vaut rien dans notre système. Parce qu'en plaçant des bouées dotés de sismographes, identiques à celles qui protégent les côtes américaines des dizaines de milliers de vies auraient été épargnées. Cher ? 250 000 dollars pièce, le prix de revient par seconde de la machine de guerre américaine.
Allez, faut pas se biler, de toute façon dans quelques semaines nos médias seront passés à autre chose, ma capacité à oublier fera le reste, et tout sera de nouveau comme avant, jusqu'à la prochaine.
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