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Doggy Bag
28 décembre 2004

Les catastrophes, Dieu, la nature et le caméscope numérique

C'était moins une, on a failli l'éviter mais on l'a quand même eu notre catastrophe de fin d'année. Car tous les ans entre le 25 et le 31 décembre, Dieu dans sa grande folie nous jette à travers la gueule son cadeau perso. Et cette année l'a pas lésiné le bougre, on en a eu pour notre argent.

L'an passé c'était dans la région de Bam en Iran, beaucoup moins porteur là, pas de plages ensoleillées ni d'îles paradisiaques pour touristes détestant la neige, non, là en Iran juste quelques casemates en briques de terre cuites dans un coin de désert, pas de quoi faire rêver. Puis faut dire que le tchador, même en détresse,  ça attire pas vraiment la compassion et par conséquence pas de quoi épancher le liquide lacrymal de ma conscience qui elle seule a le pouvoir de mettre la main sur  mon chéquier toujours bien planqué dans ce genre d'occasion.

Tandis que là. Une véritable orgie de détresse, un décorum parfait. Le paysage est idyllique Voir toute cette beauté, ces magnifiques hôtels avec piscine, ces restaurants les pieds dans l'eau, ces paillotes en bord de plages  ravagés par un raz de marée gigantesque, alors si ça, ça  ne te remue pas les tripes. PPD a du interrompre ses vacances. Ouverture du journal de Tf1 sur les malheurs du groupe Accor, les touristes du groupe Accor, les vacanciers du groupe Accor, les clients du groupe Accor. Cela pendant plus de 10 minutes. Donc plein feux sur les touristes, les pauvres complètement hébétés, égarés dans ce grand chaos, un qui a perdu sa carte de crédit, l'autre son caméscope numérique – va pas avoir l'air con maintenant sans son caméscope, pourra pas avoir le privilège de filmer pour Tf1 - c'est pas facile de survivre dans ces conditions. Sont pas habitués, sont pas programmés à vivre ça. Vite, vite, micros et caméras sont sur place pour recueillir les témoignages de mecs ou de femmes qui n'ont rien à dire, mais bon, du moment qu'un micro est tendu faut pas s'en priver on va raconter pour la énième fois qu'on ne s'est rendu compte de rien, que tout c'est passé si vite.

La population locale ? comme dans la vie, elle attend, elle passera après. Car après tout c'est leur destin, leur pain quotidien, la fatalité qui une fois de plus les frappe et puis à part leur vie de misère qu'est ce qu'ils ont à  perdre. Sont juste là pour la touche d'exotisme, pour notre besoin de voyeurisme et d'apitoiement, de la télé réalité à grande  échelle, de l'indécence à la limite du supportable. La détresse humaine filmée dans ce qui lui reste de plus précieux, de plus sacré, l'intimité de sa propre douleur.

Puis y a des Français dans cette tragédie. Là c'est suspens garanti. On en a perdu 200, on en a retrouvé 150, 10 sont portés disparus mais pas vraiment et à la fin de la semaine ça donnera où est passé la 7ème compagnie.

On en oublierait presque que c'est un phénomène naturel, que pour une fois la faute n'en incombe pas à l'homme et à sa manie de détruire la planète. Que dans ce drame la nature est seule responsable. Que d'habitude ce sont toujours les plus déshérités de notre système qui sont victimes de ses caprices. Alors pour une fois elle frappe équitablement. Tous réunies dans la même merde, l'occident, ses privilégiés et les gueux du tiers monde qui les reçoivent en grandes pompes à leurs frais.

Comme se l'imaginaient les Egyptiens, un  jour d'ennui Dieu se masturba et après s'être éparpillé, son sperme donna naissance à l'univers. Alors quand il se plait à roter voila le résultat.

   

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