Le ministre, le marabout et les oracles
La rentrée. Comme tous les ans tu ne peux pas y échapper. Ca fait partie des incontournables, comme Noël, les grands départs en vacances et les conseils de Bison Futé qui vont avec, ou encore les soldes et les commémorations de tous poils. Entre deux immeubles qui flambent, le voyage de Katrina aux Etats-Unis et plusieurs centaine de morts en Irak pour une simple bousculade, l’événement du journal télévisé c’est le retour du cartable, de la trousse et des cahiers dans la vies de nos gamins et son corollaire, la reprise du travail de nos vaillants professeurs après deux mois de bulle bien méritée.
Jusque là rien d’extraordinaire. Ca fait partie des repaires qui jalonnent notre année, des fois qu’on serait étourdi et qu’on mélangerait tout. Noël, c’est réservé à l’hiver, la neige, la dinde et la naissance du petit Jésus et pas à la plage, les strings et les nichons à l’air. De même que quand le maître retrouve son tableau noir, on est à peu prés certain qu’il faut ranger les maillots, la crème solaire indice 24 et le parasol, pour ressortir de la naphtaline doudounes, pulls et manteaux. Voilà à quoi servent ces infos calendaires à répétition jusqu’à m’en donner la nausée de la dame qui cause dans le poste de télé.
Ce qu’il y a d’extraordinaire, ce qui épate le plus mon cerveau peu habitué aux coutumes de l’éducation nationale : comment est choisi ce jour tant attendu par les petits et les grands et pourquoi pas choisir une bonne fois pour toute le premier lundi de septembre et basta. Ah pardon, je suis un peu con, on est à l’éducation nationale et puis en même temps ça permet d’entretenir le seul suspens qui vaille un tant soit peu la peine que l’on s’intéresse à l’événement : ah alors, cette année la rentrée ça tombe quand ?
C’est le ministre qui choisi, on lui présente un chapeau et il tire au sort ? il pointe son doigt sur le calendrier, et pan, oh merde dimanche. Ah non dimanche c’est jour du Seigneur. Allez tu recommences mon gars, on se concentre un bon coup, voilà la rentrée se fera … un vendredi. Ou alors une commission se réunit au ministère et il nous font ça au 421, à la manille, au jeu de l’oie ou au petits chevaux, un streap poker est organisé et celui qui se retrouve la quéquette à l'air a l’immense privilège de choisir le jour ? Le ministre se rend chez le marabout du coin avec son plumier et un calendrier ? Rue de Grenelle on sacrifie des poulets pour lire dans leurs gésiers les précieux oracles ?
Ah ça y est, j’ai compris ils nous font cela scientifiquement. L’astrologie. Un ministre scorpion ascendant vierge, cette année pluton culbutant vénus sous l’œil attendrie de mars dans la partouze inter stellaire, le meilleur jour de rentrée pour que notre ministre passe une année scolaire sans profs dans la rue sera … Ah attends, chez les chinois c’est l’année de la belette et notre ministre est castor à petite queue. Allez, faut tout reprendre. Bon, finalement si on donnait cette délicate mission à la Française des jeux, de toute façon ça marcherait aussi bien, puis comme ça le français pourrait s’amuser un peu lui aussi, il participerait à la fête, il se sentirait plus concerné en gratouillant quelques tickets.
Enfin, cette fois ci c’est pour vendredi, alors va pour vendredi, et puis comme ça les pauvres petits chéris en culottes courtes, n’auront pas un trop gros choc, une rentrée progressive, en douceur. Demain c’est déjà le week-end, ils pourront se reposer et se remettre de leurs émotions.
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