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Doggy Bag
24 août 2005

Le chirurgien, le bénévole et ma tumeur

Voilà encore une nouvelle qui me scotche les doigts à mon clavier. Moi qui pensais naïvement que pour ma future opération de la prostate il ne se trouverait dans le bloc opératoire uniquement que du personnel qualifié et diplômé pour s’occuper de ma petite personne, voilà que je tombe de haut.

S’il faut bien un diplôme au chirurgien qui va plonger ses mains dans mes viscères, il n’en va pas de même pour ses aides opératoires, c’est pas toujours l’infirmière dûment qualifiée qui lui passe le bistouri adéquat. Certains d’entre eux utilisent des bénévoles, leur propre femme, leur secrétaire ou même des connaissances, des amis. Non mais je rêve. Je ne sais pas si tu te rends bien compte, des bénévoles vont participer à mon découpage. Ouais, peut être au tien aussi, mais pour être tout à fait franc, mon charcutage à moi  m’intéresse beaucoup plus, le tien je m’en tape un peu.

Merde je ne suis quand même pas une cause humanitaire, la sécu n’a pas déboursé une fortune pour que Médecins sans frontières s’occupe de ma prostate, je ne suis pas un éthiopien venu se faire offrir une opération grâce aux dons d’une association caritative. Moi l’association qui me prend en charge c’est ma mutuelle et je participe pas mal à son fonctionnement pour avoir droit à un maximum de prestations, des infirmières compétentes et non pas la femme de ménage de mon chirurgien.    

Mais bon, apparemment, vu le peu de réactions que ce genre de pratiques provoque dans l’opinion, je devais être le seul à ne pas être au courant. Il paraît que c’est une pratique normale, en fait une sorte de coutume, le ministère de la santé appelle ça, « une situation historique ». Ah alors, si c’est historique que ça soit sa femme, sa secrétaire ou bien encore un ami qui aide le chirurgien, ne contrarions pas l’histoire. En 1999 un premier arrêté avait régularisé tout un tas de ces braves petites mains qui bossent gratis dans l’ombre du bloc opératoire en leur faisant passer un examen. Mais il en reste encore entre 300 et 400 qui exercent sans la moindre qualification.

Ah j’en reviens pas, j’ai beau avoir une certaine capacité à encaisser ce type d’incongruités, là les mots me manquent. La femme du toubib en train de m’opérer qui joue les infirmières en chef. Je n’ai rien contre le fait de bosser en famille, mais madame a appris comment la ligature, sur la table de la cuisine en ficelant le rôti sous l’œil attentif de monsieur ? Et le rafistolage du col du fémur, hein ? en désossant le gigot ? Chérie passe moi le scalpel, putain pas la pelle à tarte, le scalpel ! Et quand madame est souffrante c’est la femme de ménage somalienne qui prend la relève ?

Ah non, c’est vrai qu’il a y aussi les amis pour aider le mandarin démuni, d’accord c’est fait pour ça les potes, mais tout de même, il y a des limites entre passer le bistouri et changer la chasse d’eau qui fuit, entre pratiquer quelques points de sutures et déplacer la vieille commode du salon.

Sous la douche après une partie de tennis, « t’es libre marcel demain entre 8h et 9h, non parce que j’ai un triple pontage et personne pour me filer un coup de main, - mais bien sur mon Gégé, pas de problème on fera comme la dernière fois, - euh non, parce que la dernière fois je ne sais pas si tu t’en rappelles mais le vieux il a claqué, - oh merde c’est vrai mais on sait quand même bien marré, - ouais, mais j’ai quand même une réputation, quand je te demande la canule dilatatrice ne me passe pas la black et Decker, ça ne fait rire personne à part toi. »

Heureusement il reste la secrétaire médicale. Non content de manier Word à la perfection et de pratiquer la fellation à toute heure pour détendre monsieur son patron du stress engendré par son dur labeur, elle doit aussi savoir exercer un peu de couture quand l’occasion se présente et faire la différence entre un scalpel et un bistouri. Secrétaire médicale ça ouvre des horizons. Enfin, elle au moins il y a médical dans la définition de sa profession, ça rassure quelque peu, on se dit que des fois, on ne sait jamais, entre deux rendez vous, au lieu de feuilleter un magazine, elle a peut être jeté un coup d’œil sur le Larousse médical, ou potassé le manuel du parfait chirurgien en 12 volumes aux éditions Atlas. 

Tout d’un coup j’ai une doute là, le mandarin à 300 euro la visite juste pour jeter un coup d’œil rapide sur ma tumeur, s’il est temps attaché a ses bénévoles, ça ne serait pas des fois pour gratter quelques euros ? Non, ouf Saint Hippocrate est rassuré.         

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Commentaires
L
Ah, fallait que ça tombe sur moi, une fan de Raymond Devos !<br /> <br /> Euh… qu’est que je fais là, je te donne les clefs du blog ?
P
mdrrrrr je viens te de trouver un titre bien meilleur pour ton article:<br /> LE CHIRURGIEN, LE BENEVOLE ET LA TU MEURS<br /> <br /> cadeau :oD
P
Mais qui te dit que le chirurgien qui t'opère est vraiment un chirurgien? <br /> C'est que c'est très prenant le golf!...
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