Vive le sport

Ca y est, ma décision est prise je me remets au sport. Non pas parce que onze bipèdes s’insultant et se filant des coups de tête sur une pelouse devant des dizaines de milliers de spectateurs et des milliards de téléspectateurs m’en aient donné le goût, non non, je veux parler de vrai sport, d’exploits qui grandissent l’homme et en font un être à part, un héros admiré de tous. Je vais me mettre au vélo.

Attend, il n’y a pas de raisons que je n’y arrive pas. Comme chaque année, tout ce que la planète compte d’asthmatiques, de fiévreux, de tuberculeux, voir même de cancéreux, se donnent rendez vous pour faire le tour de la France à vélo. Ah non non, j’exagère même pas, t’as qu’à voir le nombre de coureurs qui prennent toutes sortes de médicaments permettant de soigner des pathologies chroniques comme l’asthme, ou ayant toutes sortes de difficultés respiratoires.

C’est quand même fou, des types qui avalent des centaines de kilomètres par jour, qui se tapent des cols à plus de 2000 m. d’altitude aussi facilement que s’ils étaient équipés de 125 cm3 et qui ont du mal à respirer. Le sportif de haut niveau est vraiment fragile ! La caravane du tour remplacée par un hôpital de campagne en déplacement, la croix rouge en mission humanitaire. Ce n’est plus managers, mécanos roues de secours et dérailleurs, mais blouses blanches, thermomètres et stéthoscopes. Et tout cela devant l’œil humide et extatique de journalistes sportifs ayant du mal à masquer leur érection devant de tels exploits.

Et cette année grande nouveauté nous avons droit à semi paralytique pour maillot jaune. Floyd Landis, qui, après s’être baladé dans les montagnes, s’est tiré une bonne bourre dans le dernier contre la montre avec les motos des photographes et autres commentateurs, souffre d’une nécrose de la tête de la hanche droite et devra prochainement se faire poser une prothèse.

Un américain chasse l’autre. Après tonton Lance et sa couille au cobalt vainqueur à 7 reprises, l’Amérique nous envoie le révérend Floyd et sa hanche claudicante. Les Etats-Unis doivent avoir une fabrique de coureurs en kit, garantis pièces et main d’œuvre. Ikéa se lance dans le titane et la fibre de carbone au pays de Mickey, c’est pas possible autrement. D’accord, elle a peu coincé dans les Alpes la hanche à Flyod, on l’a entendue couiner, comme un cliquetis dans l’armure à Du Guesclin. Sûrement que le mécano avait oublié de la graisser. Et ho, le mécano, on répare le dérailleur le pédalier et les freins mais faudrait penser aussi à jeter un œil sur les articulations de notre valeureux cycliste.

Alors les paralytiques, au lieu de gémir et se lamenter sur votre sort, plus la peine d’aller faire un tour du côté de Lourdes pour prendre un bain de siège dans le bassin consacré des fois que le Saint Esprit aurait eu la bonne idée d’y plonger quelques produits du genre E.P.O et autres corticoïdes qui eux font des miracles, des vrais. Allez allez, on arrête de pleurnicher dans le giron de notre Sainte Bernadette, on enfourche sa bicyclette et zou et on se tape la montée du Tourmalet sans rechigner, non mais !

Quant à moi qui n’aie aucun problème de santé majeur je devrais me friser dans le Galibier.

Commissaire Padovani